Le paysage
en mouvement

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Une appréhension me gagne en traversant les dépôts sauvages parsemés de carcasses calcinées qui conduisent au Parc de la tour d’Arbois. Autant le nom est enchanteur, autant l’accès laisse songeur. Mais Romuald Budet, le forestier qui va me faire découvrir ce lieu m’a promis « un enchantement particulier ». Me voilà servi !

Je longe d’abord une longue clôture jusqu’au portail grillagé qui délimite paradoxalement l’entrée à ce vaste espace de liberté, héritage de ce qui fut jadis un domaine de chasse réservé. Au loin, un TGV fait entendre le brouhaha de son passage sous une forêt de pylônes électriques. Le paysage m’apparait, presque désolé avec sa végétation rase, exposé au vent et aux morsures du soleil. Je plisse le front.

« Passe outre ta première impression pour découvrir l’âme de ce lieu », souffle ma voix intérieure. Cette idée en tête et plus encore sous les semelles, j’emprunte le sentier du Badaïre, le « badaud », l’un des premiers aménagements tracés pour faire découvrir le site. Une confortable promenade conduit mes pas sur les hauteurs jusqu’au Rocher, une proposition artistique conçue par le GR2013, ce sentier de randonnée urbain dessiné pour Marseille, Capitale Européenne de la Culture. Je comprends mieux l’intention du parc en en faisant le tour. « Vous vivez un instant dans le mouvement d’un paysage en évolution », indique une des ardoises de métal. Une autre me convie à porter mon regard sur « un ciel habité de pylônes, tête de chat de la ligne à haute tension qui dessert la métropole ». Les lignes de vie de ses 2 millions d’habitants.

La poésie me gagne. Mon regard porte vers le canal de Marseille en contrebas. Construit en 1850, il a lui aussi révolutionné le paysage et permis l’apparition de zones de maraîchage au cœur des terres sèches. Au loin brille la retenue du Réaltor, reflet du million de mètres cube d’eau prélevé 62 km en amont dans la Durance. Voilà l’autre ligne de vie du sud brûlant. Avant le canal, les anciens s’installaient là où coulaient les sources. On en découvre trois dans le parc. Celle de Mion, copieusement arrosée, était la plus imposante. Il en reste les murs en ruine dessinant la généalogie de son architecture depuis le 16e siècle : les anciens y vivaient en autarcie, produisant des céréales, cultivant des légumes et élevant des brebis et cochons.

Ils occupaient les fonds de vallons frais où poussent aujourd’hui des érables de Montpellier, des peupliers blancs, des pins d’Alep et des chênes pubescents, dont quelques vénérables et rares centenaires qui ont survécu aux vastes incendies du plateau, en 1996 et 2016 notamment. Entre ces fissures géologiques, le sentier reprend de la hauteur. C’est l’occasion de porter le regard au loin, vers les reliefs qui dessinent la rose des vents de Provence comme une ponctuation paysagère, du Nord avec le Mont Ventoux, à l’Est avec Sainte-Victoire et les Monts Aurélien-Régagnas, jusqu’au Sud vers la chaine de l’Étoile et le flanc des Calanques. Les rapaces affectionnent particulièrement ce nid d’aigle. J’en aperçois un couple dans le ciel : l’une des 19 nichées de Bonelli qui ont leur bastion dans les Bouches-du-Rhône. Celui-là vit tout près, dans les entremêlements métalliques d’un des hauts pylônes électriques.

Paul.

La plateau de la Tour d'Arbois
La plateau de la Tour d'Arbois ©CD13
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