Parc de Saint-Pons

Comme à l’abord de toutes ruines, il faut s’aider de l’imagination pour redessiner la vie qui s’épanouissait là, entre grands hêtres, charmes, tilleuls parfumés et ifs hirsutes. Il y avait là une ferme au nom chantant, la Blancherie, devenue un temps auberge. Plusieurs moulins broyaient le blé des cultures proches. Une vingtaine de glacières creusées plus haut dans le massif produisaient du froid en pains gelés qui rafraichissaient les Marseillais et protégeaient les denrées des agriculteurs jusqu’à l’été. Quantités de chemins traçaient leur route sur les flancs de la Sainte-Baume pour en descendre bois, résine, charbon, chaux et huile de cade produits à même la forêt. Plus tard, une fabrique à papier prit place sur les pentes les plus abruptes de la rivière naissante, acquises par la famille d’Albertas après le départ des religieuses.

C’est le siècle des Lumières et des nouveaux progrès. Le Paradou comme on l’appelle, impose son style pragmatique avec de hauts murs et un bâti étroit s’étendant le long de quatre chutes équipées de roues à aube. Il faut s’imaginer l’agitation ouvrière qui animait le site pour laver, broyer et presser les vieux tissus de chanvre et de lin employés pour façonner des pages blanches, et plus tard, du papier à cigarette qui s’exportait jusqu’en Orient. Le chantier d’inclusion par le patrimoine Acta Vista en a réveillé les pierres pour nous permettre d’en traverser la mémoire désormais inscrite aux monuments historiques. Bienvenu dans ce livre vivant des anciens métiers des collines.