L'abbaye de Saint-Pons

Sites remarquablesPatrimoine historique

Parc départemental de Saint-Pons, 13420 Gémenos

L'Abbaye de Saint-Pons
L'Abbaye de Saint-Pons ©CD13
Information

Le domaine est ouvert au public mais l’abbaye et le cloître sont fermés à la visite.

Nous sommes au 13e siècle, en plein cœur de la forêt de Saint-Pons. La vie est rude, les routes peu sûres, la période troublée. Pourtant, une femme décide de fonder sa communauté aux portes de Gémenos. L’abbaye de Saint-Pons va bientôt naître.

Ce 20 avril 1205, c’est jour de Pâques. Une date idéale pour prouver son dévouement à Dieu. C’est ce que fait Dame Garcende qui se retire dans le vallon de Saint-Pons avec pour but de fonder une communauté de moniales. Avec l’accord de l’évêque de Marseille, elle met son projet à exécution sur cette terre qui appartient à l’époque à l’abbaye de Saint-Victor à Marseille, et reçoit en dotation les revenus de plusieurs églises. En 1223, la première abbesse a transformé le petit monastère en abbaye cistercienne, fille de celle du Thoronet.

L’ABBAYE DE SAINT-PONS DONNE NAISSANCE À TROIS FILLES

Cette communauté de femmes dépend de la règle de Citeaux, érigeant la prière et le travail comme principaux fondements. Très vite, la communauté s’agrandit et avec l’appui de seigneurs de la région, trois “filles” sont construites pour accueillir les nouvelles venues : l’une à Mollégès, l’autre à l’Almanarre près de Hyères et la dernière à Marseille (Notre-Dame-de-Sion).

Une période prospère pour ces religieuses qui, malgré la rudesse de la vie quotidienne, font de Saint-Pons un centre de production agricole et industriel important, grâce essentiellement à la rivière le Fauge, dont l’énergie hydraulique alimente les moulins. Une embellie qui malheureusement ne durera pas longtemps. Car malgré la protection des Seigneurs (et de Dieu…), les épidémies, les guerres, les brigandages, la concurrence économique et les querelles politiques viendront à bout de la pugnacité des religieuses. Elles ne seront plus que… 2 moniales sur place en 1407.

DE GARCENDE À ALBERTAS

Abandonnée en 1426, l’abbaye restera la propriété de l’église jusqu’au 18e siècle, quand le marquis Henri Raynaud D’Albertas, célèbre pour ses jardins, acquiert le domaine de Saint-Pons, l’église et le couvent. De nombreux propriétaires se succèderont jusqu’en 1972, date à laquelle le domaine de Saint-Pons devient propriété du Département. C’est dans les années 1990 que la collectivité rénove entièrement l’ensemble. Remarquable par sa beauté, ce bâtiment majestueux, inscrit aux Monuments historiques en 1926, est l’exemple le plus complet de ce que fût un monastère féminin.

Aujourd’hui, même si l’abbaye est fermée, on peut en faire le tour, chercher parmi les pierres de taille les signatures de ses bâtisseurs, découvrir la chapelle Saint-Martin, église paroissiale du premier bourg de Gémenos. Et peut-être qu’en tendant l’oreille, vous entendrez Dame Garcende et ses religieuses psalmodier leurs chants de dévouement à Dieu…

L'Abbaye de Saint-Pons
L'Abbaye de Saint-Pons ©CD13

BLANCHE DE SIMIANE A LA LÉGENDE TENACE…

Si vous descendez le Fauge, juste après le pont, vous verrez sur le fond des étonnantes boues rouges. L’origine est encore plus étonnante. Par une nuit d’orage, un groupe de chevaliers revenus de croisades et surpris par la pluie, firent halte au monastère de Saint-Pons. L’un des chevaliers reconnut celle qui lui avait été promise quelques années plus tôt, Blanche de Simiane. Sans coup férir, il voulût récupérer celle qu’il crut sa dulcinée. Mais la très pieuse Blanche, mariée à Dieu, s’enfuit et sauta du pont pour échapper à son funeste destin. Depuis des siècles, son sang vermeil encore visible tapisse le fond du ruisseau.

Mais l'histoire de Blanche est concurrencée par celle d'Hildenbrandia rivularis, algue rouge présente dans la source. Elle aussi a longtemps été un mystère, mais sa présence est plutôt bon signe. Habituellement prolifique dans les torrents alpins, elle se développe dans les eaux très pures et cristallines. Ici, l’eau coule de la montagne (1 000 m) et s’infiltre par la roche karstique, agissant comme un filtre particulièrement efficace. Cela tend à prouver que l’eau du Fauge est particulièrement pure. Dans tous les cas, le mystère demeure.

Olivier Gaillard

Photo d'ambiance - Parc de Saint-Pons
©CD13

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