Après la grande sécheresse de 1834 et les premiers coups meurtriers du choléra, Marseille lance en 1838 des travaux gigantesques, dirigés par l’ingénieur Franz Mayor de Montricher, qui dépassent, par leur ampleur et leur complexité, la construction du chemin de fer dans l’Ouest américain. Il s’agit effectivement d’une entreprise titanesque, de 80 km pour sa partie principale, qui regroupe jusqu’à 5 000 ouvriers à des tâches de creusement, de construction, de transport des matériaux.
Il s’agit d’un canal gravitaire, c’est-à-dire faisant passer l’eau naturellement et sans pompe. Pour amener l’eau de la Durance en pente douce malgré la topographie très tourmentée du paysage provençal, il a fallu réaliser pas moins de 250 ouvrages d’art dont 84 souterrains et 18 aqueducs.
Jusqu’en 1970, il fut la source quasi unique d’alimentation en eau de la ville de Marseille et en fournit encore les deux-tiers de nos jours, le reste étant acheminé par le canal de Provence.