Une déambulation artistique

Le circuit qui court de Roques-Hautes au barrage de Bimont n’a rien d’une randonnée. C’est une déambulation artistique. Pas un point de vue à bouder, pas une respiration qui brûle les poumons. C’est doux, c’est beau et ça régale le corps comme l’esprit. J’attaque donc au rythme contemplatif la boucle de 2h30 que me propose le panneau d’accueil sur le parking de l’Aurigon : 7 km de marche sur le GR puis le tracé vert contournant la Réserve naturelle Sainte-Victoire sans jamais perdre de vue la montagne posée comme un phare dominant les 800 hectares de forêt départementale.
Le premier sentier boisé donne le ton : c’est un chemin propret s’enfonçant à l’est dans un décor intimiste, un « single » dans le langage des vététistes qu’on peut croiser sur le parcours.
Plus loin, passé l’ancien champ de tir de l’armée devenu une prairie sauvage, la pente s’accentue légèrement sur une large piste carrossable montant jusqu’au plateau. Elle domine la réserve géologique interdite d’accès. Et pour cause : son sol datant du crétacé recèle un des dix gisements paléontologiques connus dans le monde pour sa densité en œufs de dinosaures fossilisés dans les argiles rouges et les grès du site. Au-delà de ce périmètre de protection, dit des Grands Creux, le site compte un total de 140 hectares classés en 1994 pour son paysage, sa faune et sa flore exceptionnelles. Six habitats remarquables y ont été recensés, dont celui des pelouses vers lequel le sentier guide mes pas.
Les familles s’y arrêtent le plus souvent pour poser leur pique-nique. Je la contourne pour traverser une pinède ombragée. Elle m’emmène jusqu’au barrage du Bimont. J’imagine là Cézanne, abrité du soleil sous la canopée, le regard déshabillant chaque anfractuosité de la montagne. À son époque, le lac qui s’étend à mes pieds n’existait pas. L’obturation du vallon des Infernets n’a été réalisée qu’après-guerre grâce aux investissements du plan Marshall. Il retient les eaux de la Cause, issues du ruissellement de la face nord du massif, mais surtout celles du Verdon conduites là par une galerie étroite construite par la société du Canal de Provence pour sécuriser l’alimentation en eau d’Aix-en-Provence. Comme le peintre, il est une vedette apparue dans plusieurs films (La Stagiaire, De miel et de sang…).
J’abandonne là ces stars et entame mon retour. Le paysage n’étonne plus, mais émerveille toujours. Nouvelle prairie, grande garrigue, pinèdes épaisses, barres rocheuses… Je tends l’oreille. Au pied du massif, les perdrix rouges lancent leurs cris de parade, les alouettes lulus poussent des mélodies mélancoliques qui contrastent avec le cri rauque de la fauvette pitchou. Classée Natura 2000 et labélisée Grand Site de France depuis 2000, la montagne a retrouvé toute sa vigueur après l’incendie catastrophique qui avait dévoré plus de 5 000 hectares de forêt à l’été 1989. Comme beaucoup, j’avais pleuré des semaines ce désastre. Ces larmes-là ont séché, mais de nouvelles sont apparues, nourries par son nouvel éclat.
Paul.

Éco-conçu
HOP! favorise des éléments légers, avec un design réfléchi, sans impacter sa qualité !
Rapidité
Le site HOP! c’est un temps de chargement en 0,3 seconde
Légèreté
1,5 g d’équivalent CO2 émis en moyenne par page, soit 10 minutes sur Youtube
Économie
Une émission de GES moyenne sur un mois de l’équivalent d’une douche